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Test article 1 La Maison Le Parc et les Fabriques Gustave Caillebotte Un peu d'Histoire
Gustave Caillebotte

Gustave Caillebotte

Bien que l’histoire, pendant très longtemps, ne l’ait retenu que comme l’ami généreux et le mécène des Impressionnistes, Caillebotte exerce à Yerres ses talents de peintre, faisant preuve de certaines audaces. Mais Caillebotte se révèle aussi un personnage aux nombreuses facettes, pratiquant la philatélie, l’ingénierie navale, la régate et l’horticulture. L’homme autant que l’artiste apparaît passionnant à rencontrer.

Le peintre et Yerres

Gustave a 12 ans lorsque la famille Caillebotte s’installe à Yerres. Ce passage à Yerres s’avère crucial dans sa formation et son inspiration picturale. Son père, Martial Caillebotte, est alors un chef d’entreprise aux affaires florissantes qui fournit de la toile de drap aux armées. Il procède, dès son acquisition, à l’embellissement du parc et de la Propriété.

Le jeune Gustave s’épanouit au sein de cette villégiature verdoyante. Adolescent, il se montre particulièrement sensible aux compositions végétales, aux allées sinueuses du parc. Autant de sujets d’inspiration que l’on retrouve dans les 80 tableaux qu’il peignit au sein de la Propriété. Les ambiances de villégiature ou les loisirs de la rivière occupent une large place dans ses premiers tableaux. Depuis, rien n’a changé dans le parc. En s’y promenant, on retrouve les lieux peints.

Caillebotte a immortalisé également ses proches, famille ou amis venus passer quelques jours à Yerres. Les personnages sont saisis sur l’instant : femmes cousant, homme lisant, baigneur dans l’Yerres, etc. Ce style nouveau rompt totalement avec l’académisme. Les œuvres de Caillebotte, à l’instar de celles de ses contemporains, sont empreintes de Réalisme, parfois de Japonisme tant le souci du détail se fait sentir.

Peintre incompris comme ses amis impressionnistes, sans doute trop audacieux, Caillebotte ne verra pas ses « Raboteurs de parquet » exposés au Salon officiel de 1875 à Paris.

Le peintre cultive également une passion pour les bateaux. Il dessine notamment des plans de voiliers et installe par la suite un chantier naval sur les rives du bassin d’Argenteuil.

Artiste, mais aussi mécène, Gustave Caillebotte côtoie et soutient Renoir, Pissaro, Monet. Lors du décès de son frère René en 1876, il lègue à l’Etat une collection d’œuvres maîtresses de Sisley, Cézanne, Degas, Monet et Renoir.

À sa propre mort, en 1894, son ami Renoir et son autre frère Martial, font exécuter ses volontés (qu’il avait préparées, traumatisé par le décès prématuré de son frère René) en léguant des œuvres de Gustave à l’Etat. Cette collection est aujourd’hui visible au Musée d’Orsay.

Les autres tableaux de Caillebotte sont aujourd’hui disséminés à travers le monde.

Caillebotte, architecte naval

Gustave Caillebotte s’intéresse très tôt aux bateaux : canotant sur l’Yerres qui borde la villégiature familiale, il réalise entre 1875 et 1878 une vingtaine de tableaux ayant pour thème toutes sortes d’embarcations, barques rassurantes ou périssoires instables.

C’est dans sa dernière résidence, au Petit Gennevilliers, au bord du bassin d’Argenteuil, que Caillebotte développe sa vraie passion de la navigation, dessinant 25 plans de bateaux qu’il fait construire au chantier Luce, voisin de sa maison. Il ajoute à ses nombreuses activités celle très prenante d’architecte naval ; car Caillebotte régate aussi sur ses bateaux (il en possède jusqu’à 14) et gagne souvent des courses, avec Dahut ou Roastbeef, son préféré. Les courses ont lieu sur la Seine, mais aussi sur la côte normande, région chère à ses parents.

Gustave Caillebotte devient en 1880 vice-président du Cercle de la Voile de Paris, autorité d’alors en matière de yachting : il va militer en faveur de ce sport et le faire progresser au plus haut niveau, passant de la table d’architecte à la barre. Si l’on prétend parfois que Caillebotte a abandonné la peinture dans la dernière partie de sa vie, il n’oubliera pas de peindre dans ses tableaux les ambiances des régates, thème favori des peintres et écrivains de son époque.

La vie artistique

Gustave Caillebotte se trouve au cœur de la révolution artistique qui secoua les consciences du temps de la IIIRépublique, qui succède aux évènements de 1870 (guerre franco-prussienne et Commune de Paris).

L’émergence des peintres impressionnistes et le dédain dont ils firent l’objet sont restés dans l’histoire de l’art comme des jalons importants dans la compréhension de la modernité en art.

Ces peintres eurent leurs détracteurs : les critiques et les membres des Beaux-Arts n’admettaient pas cette nouvelle manière de peindre. Gustave Caillebotte, par ses moyens financiers, sa clairvoyance eut le courage de s’opposer à ces courants contraires. Pour cela, il fut l’homme « à abattre » devenant lui-même l’objet de caricatures méchantes dans une certaine presse (le Charivari).

Mais ces peintres eurent aussi leurs défenseurs, notamment de la part du milieu des écrivains et poètes. D’abord Zola, comme critique, fit quelques reproches à Caillebotte, avant de reconnaître ses vraies qualités comme peintre.

L’écrivain Joris Karl Huysmans a toujours soutenu l’art de Caillebotte. Il écrit en 1882 dans la revue l’Art moderne : « Encore que les injustices littéraires et artistiques n’aient plus le don de m’émouvoir, je reste, malgré moi, surpris du persistant silence que garde la presse envers un tel peintre. »

Par ailleurs, Caillebotte organise ou participe aux dîners des impressionnistes, qui se tiennent dans les grands cafés parisiens, où se rencontrent artistes et écrivains : on discute d’art, de philosophie, de politique…Au café Riche, au café Guerbois, souvent Gustave Caillebotte paie l’addition pour tous les convives.

Le peintre oublié … et redécouvert

Gustave Caillebotte peintre, longtemps effacé par son rôle de collectionneur et mécène des Impressionnistes (il collectionna leurs œuvres et paya aussi le loyer des ateliers de peinture de Monet), est reconnu depuis quelques années par le public.

Après sa mort en 1894, son œuvre reste dans l’ombre, pendant que les nouveaux courants artistiques se développent au cours du XXe siècle.

À partir de l’exposition rétrospective en 1994, au Grand Palais de Paris, d’importantes expositions internationales, à Chicago en 1995, à Lausanne en 2005, à Brême en 2008, au Musée Jacquemart André à Paris en 2011, à Francfort au Schirn Kunsthalle en 2012, puis à La Haye et au Musée Bridgestone à Tokyo au Japon en 2013 constituent des apports importants pour la connaissance de l’œuvre picturale de Gustave Caillebotte.

En 2014, l'exposition à la Ferme Ornée de la Propriété Caillebotte présente pour la première fois réunies les œuvres peintes à Yerres.

De son vivant, Caillebotte expose avec ses amis, même si son aisance financière lui épargne le souci de vendre. Au fil des années, à mesure qu’il épouse la cause de ses amis Impressionnistes, il s’efface comme peintre. Il ne se considère pas à l’égal des autres. Pourtant Huysmans écrit en 1882 : « (…) il semble être enfin parvenu à se débrouiller l’œil qui est bien, à l’état normal, l’un des plus précis et des plus originaux. Celui-là est un grand peintre, un peintre dont certains tableaux tiendront leur place à côté des meilleurs. »

Depuis 1995, la ville d’Yerres restaure et entretient la propriété où le peintre réalisa plus de 80 tableaux.
Expositions et évènements évoquent à longueur d’année la mémoire de Caillebotte.

Une renommée mondiale

La notoriété de Gustave Caillebotte en tant que peintre commence aux Etats-Unis, dont 25 musées conservent aujourd’hui des œuvres : les très célèbres « Rue de Paris, temps de pluie » (Chicago Institute of Art), « Les Orangers » (Houston Museum of fine arts) et les tableaux ayant pour titre « Périssoires » (Milwaukee Art Museum et National Gallery of Art, Washington DC), ces derniers ayant été réalisés à Yerres dans le parc familial et sur la rivière. Seuls 12 musées français conservent des tableaux de Caillebotte.

La renommée internationale de Caillebotte est due tout d’abord à ce qu’en 1886, le marchand Durand-Ruel organise à New York une exposition des « Œuvres à l’huile et au pastel des Impressionnistes de Paris » où il inclut une dizaine de tableaux de Caillebotte.

Par ailleurs, le frère de Caillebotte, Martial, entretient dès 1897 des contacts avec plusieurs marchands, comme Durand-Ruel, Ambroise Vollard et d’autres : plusieurs tableaux de Caillebotte sont ainsi vendus. Assez rapidement après sa mort en 1894, son œuvre picturale est dispersée. La mort de Martial en 1910 interrompt ce mouvement.

Enfin, au début du XXe siècle, les Américains jouent un rôle non négligeable sur le marché de l’art : la présence de peintres américains à Giverny auprès de Monet crée un courant entre les Etats-Unis et la France.

Le collectionneur

Caillebotte est très connu comme collectionneur de peintures.

Dès 1874, devenu riche héritier, il fait l’achat de tableaux auprès des peintres Monet, Renoir, Degas : ces achats ont pour premier but d’aider ces peintres rejetés par la critique, boudés par le public. Caillebotte déclare : « Personne n’en veut, j’achète. »

Il devient l’un des soutiens les plus fervents des peintres indépendants ; il joue le rôle d’agent artistique pour les expositions organisées en marge du Salon officiel. Sa clairvoyance et sa générosité s’expriment alors pleinement dans sa vie, marquée par son testament de 1876 qui annonce le legs à l’Etat de sa collection.

Caillebotte et son frère Martial ont réuni patiemment une collection de timbres, allant jusqu’à mettre au point une méthode de classement : ils vendent en 1887 leur collection au philatéliste anglais M. Tapling, pour  une somme qui avoisinerait en 2011 les 5 millions d’euros. Ce dernier légua l’ensemble au British Museum. Les frères Caillebotte sont reconnus en Grande Bretagne comme les pères de la philatélie !

L’amateur éclairé de jardins

On a coutume d’associer l’intérêt de Gustave Caillebotte pour le jardin aux séjours dans la propriété d’Yerres. En effet, dès 1860, son père a fait nettement agrandir les jardins d’utilité situés à l’extrémité ouest de la pelouse. La surface est à peu près doublée et portée à 5500 m2. Cinq jardiniers sont alors employés à l’entretien général de toute la propriété. Le jeune homme d’un caractère curieux et enthousiaste, participe sans doute très jeune à l’activité des professionnels. Plus tard, il réalise plusieurs tableaux importants, comme « Les Jardiniers », dans le cadre du jardin potager ; il démontre une fois de plus le souci de l’artiste de traduire en peinture la vie quotidienne et ses fonctions utilitaires.

Dans la bibliothèque des Caillebotte, se trouve le « Manuel complet du jardinier » de Louis Noisette, ouvrage d’érudition publié dès 1835.

Plus tard, quand il sera chez lui, au Petit Gennevilliers, Gustave Caillebotte aura son jardin et sa serre à orchidées. Son intérêt pour les plantes est confirmé par de nombreux témoignages écrits et des correspondances. Il partage avec son ami Claude Monet la passion de l’horticulture et des plantes rares (pavots, orchidées). Caillebotte se rend plusieurs fois à Giverny, pour discuter jardin et fleurs (il est d’ailleurs le témoin de son second mariage avec Alice Raingo-Hoschedé en 1892), qui possède une maison à Montgeron, commune qui jouxte Yerres.

Cette passion se traduit par de très beaux tableaux de fleurs qui côtoient les peintures des bateaux dont il dessina lui-même les plans.

Caillebotte, peintre en son jardin à Yerres

 

À Yerres, sa production picturale se déroule surtout entre les années 1873 et 1878, après que Caillebotte déjà licencié en droit, choisit de se consacrer à la peinture. Elle comprend plus de 80 tableaux réalisés dans le parc, comprenant principalement des huiles sur toile et quelques pastels ; son œuvre comprend aussi des dessins préparatoires. Il réalise quelques autres tableaux dans le village et aux alentours.

Il développe principalement 3 thèmes :

  • des paysages dans le parc : dans le jardin d’agrément richement arboré et entretenu par 5 jardiniers, il réalise des toiles traitées dans une facture assez classique ; mais Caillebotte travaille sur les effets lumineux et colorés, sur les jeux de troncs d’arbres, dans une manière qui rappelle le japonisme. Quelques tableaux réalisés dans le jardin potager sont imprégnés des ambiances naturalistes.
  • des portraits de familles, d’enfants, d’amis : les étés à la campagne accueillent familles et amis, pour le repos et la détente.
  • des scènes de loisirs dans le cadre de la rivière : près de 25 tableaux ont pour thèmes les activités nautiques, le canotage et les périssoires, la baignade ou la pêche.

Quelques scènes d’intérieur complètent cette production.

Les styles

Le peintre développe un style très personnel et original.

Les historiens de l’art reconnaissent à Gustave Caillebotte un art différent des manières attribuées le plus souvent aux Impressionnistes : Caillebotte ne cherche pas à travailler avec la touche rapide, instantanée des chefs de file que sont Monet ou Renoir, influencée par les théories de Chevreul sur les couleurs complémentaires et les tons divisés. Il s’y essaiera dans les œuvres de sa dernière période, comme certains paysages de la région de Gennevilliers.

Cependant, Caillebotte, par le choix des thèmes réalistes et les ambiances de plein air, rejoint les Impressionnistes : il met dans ses toiles une touche très personnelle par une utilisation savante de la perspective et du cadrage, technique qui se retrouve dans la plupart de ses grandes compositions parisiennes.

Ses peintures sont comparées à une photographie du réel, mais Caillebotte y apporte des effets (jeux de lumière…) et une mise en scène qui n’appartiennent qu’à lui.

Sa technique est une construction patiente : il utilise pour ses grandes compositions des dessins préparatoires, travaille avec des calques, réalise des esquisses.

L’essentiel de son œuvre, décrite dans le 2e catalogue raisonné de Marie Berhaut (Ed. Wildenstein 1994), est composé d’huiles sur toiles et de quelques pastels.

 

La peinture

En peinture à l’huile, Caillebotte utilise couramment des formats de taille moyenne (autour de 50 x 60 cm).

Les plus grands formats sont : « Rue de Paris, temps de pluie » (212, 2 x 276, 2 cm), « Le Pont de l’Europe » (124, 7 x 180, 6 cm) et « Les Raboteurs de parquet » (102 x 145 cm).

Ces trois tableaux ont fait l’objet de nombreux dessins préparatoires et de variantes ou d’esquisses.

 

Le dessin

La grande majorité de ses dessins permet de préparer des œuvres de grandes dimensions. Caillebotte dit lui-même qu’il travaille patiemment à la réalisation de ses tableaux. Il utilise des calques qui lui permettent d’étudier sa composition comme le ferait un metteur en scène plaçant ses comédiens.

Caillebotte, bien que très critiqué comme les autres peintres du mouvement, était reconnu pour sa science du dessin et de l’agencement. Par ailleurs des carnets de croquis et d’études au crayon ou au fusain ont été exposés à maintes reprises, montrant la manière très élaborée de Caillebotte.

Le pastel

Caillebotte a manifesté un réel intérêt pour le pastel. Il en produit plus de vingt, datés de 1873 à 1880. On se souvient qu’il avait collectionné 8 pastels de Degas, qui ont tous été acceptés par l’Etat au moment du legs.

C’est dans le parc de Yerres qu’il réalise en 1877 dix pastels : « Portrait d’enfant », « La Sieste », « Mur du jardin potager », « Prairie à Yerres », etc.

Dans les pastels, Caillebotte utilise le bleu dont l’usage fréquent fut critiqué, même par ses plus ardents défenseurs, comme Huysmans qui énonce en 1883, à propos du pastel représentant Camille Daurelle dans le parc d’Yerres : « (…) et passant devant un petit panneau « Un Enfant dans un jardin », où le péché du terrible bleu a de nouveau été commis (….). »