l’orfèvre de Napoléon Ier
Le destin de Guillaume Martin Biennais est l’un des plus étonnants de la période napoléonienne, modeste artisan venu de sa province natale pour tenter sa chance à Paris et qui malgré les troubles de la Révolution deviendra l’un des fournisseurs privilégiés de l’empereur et sa famille et de la cour impériale. Simple tabletier à l’origine, fabricant de petits objets en bois précieux et notamment des boîtes de jeux, il sait très tôt diversifier son activité en proposant également des boîtes en acajou contenant des nécessaires. C’est à cette occasion qu’il rencontre le général Bonaparte en lui vendant à crédit un nécessaire avant son départ pour la campagne d’Italie. Sa boutique rue saint-Honoré Au Singe Violet offre alors à la nouvelle clientèle fortunée du Directoire de nombreux objets à la mode, tant de tabletterie, que d’ébénisterie. Il se présente alors comme « Marchand tabletier – ébéniste et éventailliste ». Bien loin de sa formation initiale, il organise son activité en sous-traitant les objets qui lui sont demandés, avec des artisans réputés comme les ébénistes Moreau ou Georges Jacob ou des architectes du pouvoir comme Percier et Fontaine. Dès le Consulat, Biennais oriente sa production vers l’orfèvrerie et devient le fournisseur du Premier consul aux Tuileries et à Saint-Cloud. Il restera pendant tout l’Empire le fournisseur de l’Empereur, de la famille impériale et des cours européennes. Sa renommée en fait l’un des entrepreneurs les plus importants du début du XIXe siècle. Installé rue Saint-Honoré, faisant travailler plus de quatre-vingt ouvriers en 1808. Son ascension sociale peu commune, l’excellence de sa production lui assurent une fortune certaine, qu’il place intelligemment dans de nombreux biens immobiliers, tant à Paris qu’à la campagne. A sa mort, sa veuve rachète le domaine de Yerres où elle s’installe pendant une quinzaine d’années et où elle réaménage la chambre parentale avec un mobilier extraordinaire encore en place aujourd’hui.
La Maison des Caillebotte, qui sont de surcroît des cousins des Biennais, a donc toute légitimité pour évoquer la vie et l’œuvre de cet artiste remarquable.
A l’occasion du bicentenaire de la mort de l’Empereur, cette exposition évoquera les différents aspects de l’activité de Martin Guillaume Biennais. La présentation de nombreux documents et chefs-d’œuvre de tabletterie (boîte de jeux, nécessaires, malle de voyage…), d’orfèvrerie (bol à punch de l’impératrice, clef de chambellan) et d’ébénisterie (secrétaire de voyage, secrétaire à abattant) illustreront les diverses productions vendues dans sa boutique Au Singe Violet. Grâce aux prêts d’institutions prestigieuses : le musée de l’Armée, le musée national du château de Fontainebleau, le musée des Arts Décoratifs, le musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau, le Mobilier national, la Fondation Napoléon et la collection Emile Hermès, une trentaine œuvres viendront illustrer la carrière exceptionnelle de cet artiste.